Début des années 1900, on prête à Picasso la création d’une peinture représentant de jeunes femmes nues … sur un carton déjà utilisé : la prémisse d’un premier « recyclage ».
In fine, les artistes – souvent par nécessité – détournent l’objet récupéré pour modifier sa fonction d’origine et en faire une œuvre artistique pleine et entière.
Ce concept n’est pas nouveau. Il revient sur le devant de la scène en ces années 2020 en relation avec le développement des philosophies éco-responsables.
Bruno DUPONT alias DéBé s’est penché sur le recyclage d’une bouteille de bière.
Il semble évident que les bouteilles de bière qui sont vendues dans leur casier rigide retrouvent souvent leur place une fois vide dans le même casier qui lui, se retrouve alors vers le chemin de la brasserie. D’après les personnes autorisées, une bouteille de bière aurait 5 à 10 vies avec son casier !
Cependant, et ce n’est pas négligeable, une importante quantité de ces bouteilles est vendue par 6 unités sous blister plastic et par 4 sous emballage carton.
Ces bouteilles n’ont pas de casier et se retrouvent majoritairement hors circuit de recyclage. Au mieux, elles trouvent la direction d’une bulle « à verre » où la fracture est inévitable.
Métamorphose.
Les mauvaises langues diront que DéBé utilisent des bouteilles d’Orval uniquement pour pouvoir en boire ? N’est-ce pas un peu réducteur ? Et puis, n’est-ce pas ce liquide qui apporterait l’essence même de sa création ?
Si DéBé était né dans le Gard et proche de Vergèze, il aurait sans doute jeté son dévolu sur la petite bouteille de Perrier … mais il est Gaumais et dans sa région, même si on n’y croit pas, on déguste la trappiste locale. La démarche artistique est locale : on parle de circuit court.
Ses créations restent à leur tour des œuvres … recyclables.
Création originale.
Un fois la bouteille lavée et déshabillée de son étiquette, DéBé la plonge dans un bain de couleur blanche, grise, noire, rouge, bleue, … en laissant apparaître une petite partie du goulot dans sa couleur d’origine. La transformation de l’objet prend forme. La surface unie et maintenant non transparente devient support à son illustration.
Au début, il y a un slogan !
DéBé pose son illustration autour d’une phrase ou d’une expression … selon l’émotion du moment. Ces slogans peuvent devenir des appels au secours ou simplement des états d’âmes. D’autres mots provoquent le sourire ou interrogent l’amateur d’art. Les sentiments sont là, le flacon soutient la réaction. On peut imaginer que l’acquéreur se souvient d’un moment de détente avec le breuvage et le slogan lui fait part d’une aventure qu’il redécouvre. Il y a des moments de convivialité retrouvés que DéBé provoque à l’insu de son plein gré.
Le dessin prend forme.
Sur ce fond uni, blanc ou de couleur, l’illustrateur pose ses histoires naturelles. On y retrouve le style naïf de DéBé : l’illustration participe à une histoire proche des gens. Le trait fin permet le détail et l’amateur reconnaît les figurations d’un soleil, d’un oiseau, de personnages, de poissons, de villages, de chiens ou de chats, de fleurs et d’arbres, … un environnement qui correspond à sa Gaume natale.
De bouteille en bouteille, l’artiste combine ses éléments figuratifs en autant d’histoires à se raconter. Chaque « quille » est cependant différente et donc unique.
Elles sont exclusivement exposées à Florenville à la galerie Ah ? Oh ! Art (www.ahohart.be) et au Syndicat d’Initiative ; à Virton, au Musée Gaumais. Exceptionnellement elles apparaissent dans les lieux d’exposition où DéBé présente ses créations.
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